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CONGOSECURITE
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22 avril 2006

EXPLIQUEZ MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA R.D.CONGO

Les médias locaux parlent de « chaos sécuritaire » dans cette ville, jadis cité d’ambiance, où, aux yeux de certains, il est désormais fortement déconseillé de sortir après 20 heures...

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Lors de leur première audition, Mayala et Muanda,  les  deux assassins présumés de Frank Ngyke, le journaliste du quotidien La Référence Plus qui a été froidement abattu dans la nuit du 2 au 3 novembre derniers à son domicile, après le meurtre de son épouse, ont révélé qu’ils n’ étaient que de simples exécutants.

A en croire le commandant de police Moussa, qui les a entendus, ils sont prêts à tout déballer et à dénoncer les vrais commanditaires de ce double forfait. Ils ont ajouté qu’il s’agissait bien de personnalités politiques, de surcroît acteurs de la transition, et qu’il n’en étaient pas à leur premier coup du genre.

Moins d’une semaine avant ce double meurtre, soit le 30 octobre 2005, au Q. Matonge dans la commune de Kalamu, rappelle-t-on, le couple Mavinga Philippe et Lumengo Marie a été assassiné à son domicile par des éléments armés qui, en revanche n’ont pas été interpellés. Leurs petits enfants, qui étaient à leur charge, Loïc 6 ans et Kévine 8 ans, sont aujourd’hui portés disparus.

Selon les témoignages recueillis par  l’un de nos correspondants sur place auprès des voisins des victimes, leur fils Dieudonné Mavinga, à ce jour introuvable, se serait soustrait à la justice alors qu’il est sous le coup d’une peine de 25 années d’emprisonnement ferme prononcée par contumace. Les policiers, venus à sa recherche, les ont sommés, en vain, de « coopérer » en indiquant le lieu où se cacherait ce dernier ainsi que son épouse Mireille.

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Le couple Mavinga, éliminé par des inconnus à Matonge (Photo d’archives)

Dieudonné, a-t-on appris, est soupçonné d’être impliqué dans l’attentat de 14 avril 2000 à l’aéroport de Ndjili.

Le 7 mai dernier , dans la commune de Mont Ngafula, un missionnaire belge , le Père  René De Haes, 72 ans, a été assassiné par des hommes armés.

Il faut dire que l’aggravation de l’insécurité aussi bien à Kinshasa que sur l’ensemble du territoire national de la République Démocratique du Congo (RDC), préoccupe l’Asadho, l’Association africaine de défense des droits de l’homme, qui, dans un communiqué, déplore la passivité des autorités et constate avec regret que la plupart de ces meurtres se déroulent , soit dans l’environnement immédiat ou, à tout le moins, pas loin d’un sous-commissariat ( poste de police).

L’Asadho note qu’en dépit de la prolifération des sous-commissariats, les tracasseries policières, les extorsions, les vols à mains armées et les assassinats ne cessent d’augmenter dans le pays, notamment dans la ville de Kinshasa.

Face à ces meurtres en série, le chef d’état-major général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le général Kisempia Sungilanga Lombe, a certes annoncé dernièrement, au cours d’une conférence de presse, un train de mesures pour "juguler l’insécurité" dans la capitale.

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Parmi celles-ci, la mise en place je cite « d’un mécanisme visant à contrôler les déplacements des militaires » . « Chaque militaire devra désormais déposer son arme à la fin de son service « , a-t-il souligné.

Le général Kisempia a, par ailleurs annoncé le renforcement des patrouilles de surveillance avec le concours de la police militaire ajoutant que "tout militaire en tenue doit obligatoirement porter son badge".

"L’impunité n’a pas de place dans l’armée et tous les militaires en infraction doivent être arrêtés et présentés devant la justice militaire", a-t-il souligné.

Le général Kisempia a rappelé que des mandats d’arrêt avaient été lancés contre plusieurs officiers supérieurs et que plusieurs anciens chefs miliciens, promus généraux en décembre dernier, ont été écroués à Kinshasa en mars.

"Les FARDC sont engagées dans la lutte contre l’insécurité et l’impunité pour asseoir l’autorité de l’Etat", a martelé le chef d’état-major général.

Il n’en demeure pas moins que la présence de nombreux éléments incontrôlés de l’armée et de la police parmi la population civile, faute d’hébergement dans les camps, est, selon les habitants des quartiers populaires, à la base de cette montée inquiétante de l’insécurité..

L’armée congolaise compte près de 350.000 hommes selon le général Kisempia, qui a reconnu l’existence de problèmes d’hébergements des troupes.

Les observateurs militaires étrangers estiment les effectifs de cette armée , en pleine restructuration, à environ 200.000 hommes.

Outre cette présence incontrôlée de militaires et policiers équipés d’ armes légères, on assiste également au phénomène de gangs surnommés « Les Zoulous », « Les Romains », « L’ Onu Britannique », autres « Les Italiens ». Récemment, des organisations humanitaires ont dénoncé les trafics continuels d’armes légères qui arrivent dans la région des Grands Lacs en provenance de différentes parties du monde, et notamment de l’Europe de l’Est.

Des Parlementaires du Burundi, du Rwanda, et de République Démocratique du Congo se réuniront du 9 au 11 novembre à Kinshasa, Capitale du Congo pour débattre de la question . Organisée par les gouvernements des 3 pays concernés, la rencontre est soutenue financièrement par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) et par la Belgique. Les Parlementaires devront discuter , en particulier, de l’harmonisation des lois qui, dans leurs pays respectifs, régissent le port d’armes, afin de créer un système de contrôle commun de la circulation de ces armements dans la région. Selon l’Agence catholique DIA qui salue l’initiative, des experts envoyés par les Nations Unies et des pays occidentaux devraient également prendre part à cette rencontre dont on espère qu’elle débouchera sur des mesures pour mettre fin, dans un proche avenir, à cette insécurité et à ce cycle de violences qui touchent en particulier les civils innocents.

Jennifer Makengo, Correspondante ( AEM), Kinshasa

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