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CONGOSECURITE
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6 avril 2009

LES FEMMES, LEADERS DANS LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA

À l'occasion de la dernière journée mondiale contre le VIH/sida, les équipes d'A.M.I. en charge du programme en RDC (Sud Kivu) ont organisé plusieurs manifestations de sensibilisation autour du thème « Stop sida, tenir ses promesses ». Au cœur de celles-ci, un message fort, qui place les femmes en position de leaders dans ce combat a été diffusé à la radio. Aurélie Baumel, responsable de projet à Uvira, et Bernadette Ngengele, infirmière superviseur PTME, expliquent les grandes lignes de ce message qui tend à donner aux femmes une place toute particulière dans la prévention et l'action contre la pandémie.

« En 2007, 1,8 million de femmes étaient infectées par le VIH. Chaque jour, près de cinq mille femmes sont contaminées par le virus dans le monde, remarque Aurélie. La majorité des enfants séropositifs naissent dans les pays en développement, car 95 % des femmes séropositives vivent dans ces pays. Pour faire face à la pandémie, les femmes doivent être impliquées dans toutes les activités de lutte contre le sida, quelque soit leur statut social. »

Le choix de placer les femmes au cœur de cette bataille est teinté en arrière-plan des représentations sur son positionnement et son rôle à jouer dans la famille et dans l'éducation. Les femmes sont vues comme des mères, des éducatrices privilégiées, dont la parole, dotée d'un poids important, est celle de la médiation : « Les femmes s'entretiennent souvent avec leurs famille et la communauté quand elles prennent des décisions se rapportant à la santé, explique Bernadette. C'est pourquoi la promotion de l'implication des femmes est au cœur de nos préoccupations dans la lutte contre le VIH/sida cette année. » Cette image de femme-mère, de celle qui donne la vie avant tout, est étendue à la communauté tout entière : « Promouvoir les femmes, c'est sauver la collectivité car elles constituent la base fondamentale de toutes les activités vitales de la communauté. » Faire passer les messages par ces médiatrices privilégiées, et donc les informer en premier lieu, s'avère particulièrement important. « Dans ce cadre, la prévention et la diffusion d'informations est primordiale pour les femmes, à tous les niveaux. Si elles ne sont pas séropositives, on appuie les actions de prévention de l'infection. Si elles le sont, on prévient les grossesses non désirées. Si elles sont enceintes et séropositives, on s'attache tout particulièrement aux programmes de prévention de la transmission de la mère à l'enfant, qui ont une place particulière dans les missions d'A.M.I. » Le message à diffuser varie selon la personne à qui il est adressé. Ces différences sont prises en compte pour agir au mieux.

De nombreuses études ont montré que les femmes sont plus vulnérables que les hommes face à la transmission sexuelle du VIH (voir notamment un rapport de l'UNAIDS en novembre 2004, disponible en anglais). Elle est entre deux à quatre fois plus élevée chez elles. On peut expliquer ce phénomène par deux grandes réalités. D'une part une vulnérabilité biologique plus élevée chez les femmes : pour diverses raisons (fragilité des muqueuses, infections sexuellement transmissibles se manifestant tardivement, mauvais traitements sexuels ou encore fréquence plus élevée de transfusion sanguine, pour cause de maternité), le virus a plus de facilités et d'occasion de pénétrer le corps féminin que le corps masculin. D'autre part une vulnérabilité sociale, liée à la domination masculine. Dans cette optique, le VIH/sida n'est plus seulement une question de santé publique mais apparaît en tant que symptôme de l'inégalité sous-jacente qui existe entre les genres. La lutte contre la maladie n'a que peu de chances d'aboutir si cette dimension n'est pas prise en compte. C'est ce que remarque Aurélie : « À cause d'une vulnérabilité économique, due à une dépendance financière ou matérielle, les femmes peuvent se livrer à des relations sexuelles dangereuses (prostitution, servage sexuel, etc.). Les violences sexuelles dont elles sont victimes, hors ou dans le mariage, sont aussi à prendre en compte. On peut ajouter à tout cela le manque d'informations dont elles disposent, provoqué par la discrimination des femmes en matière d'éducation et de conditions sociales. »

Avec une telle toile de fond, placer les femmes au centre du combat anti-sida peut être vu comme un balbutiement de lutte émancipatrice. La relation entre pouvoir et savoir est établie. Comment se protéger si on ignore tout du mode de transmission et des caractéristiques de la maladie ? Comment partager son expérience quand la peur de la stigmatisation est particulièrement présente ? « La peur de la honte et de la discrimination envers les gens vivant avec le VIH au sein des familles ou des communautés décourage certaines femmes de prendre des mesures de précautions pouvant considérablement réduire le risque de transmission du VIH. Elles ont peur de se voir rejetées par leur familles et leurs communautés si l'on sait ou l'on pense qu'elles sont séropositives. ». Dans cette optique, les interventions passent par un soutien social, pour que les femmes soient le plus possible en mesure de prendre des décisions de manière indépendante, quant à leur statut VIH, mais aussi par la diffusion accrue d'informations sur la maladie.

En donnant accès à ce savoir, on place les femmes en leaders dans la lutte contre ce virus. Elles deviennent un pivot pour atteindre de plus grandes populations.

Outre ces idées diffusées par le biais des messages radios (à Uvira, Lemera et Ruzizi) ou dans les centres de santé, les équipes d'A.M.I. ont organisé diverses actions de sensibilisation, pour la journée du 1er décembre dernier. Une conférence sur le même thème, où 90 femmes ont participé, a été organisée à Kiliba. Un match de football, réunissant professionnelles du sexe contre étudiantes de l'institut technique d'enseignement médical, ainsi qu'une marche à Uvira ont également eu lieu

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