UN CORRUPTEUR AU MILIEU DES CORROMPUS
Plusieurs
d'entre nous ayant rompu avec la lecture et les analyses approfondies
sur l'état de notre pays, il est plus ou moins sur qu'ils ne liront pas
la dernière interview accordée par Joseph Kabila à New York Times.
Certains compatriotes ne la liront pas tout simplement parce qu'ils
sont convaincus que du « raïs » ne peut sortir rien de bon. Par
conviction, nous nous croyons que l'autre, fut-il un ennemi, il ne faut
ni le mépriser ni se fermer à ce qu'il dit. « Bubi mbwa matshi,
mbwimpe, mbwa matshi », dit-on dans ma langue vernaculaire. Notre
souhait est que les compatriotes n'étant pas encore arrivés à une haine
viscérale de Joseph Kabila lisent cette interview et partagent leurs
interprétations avec les filles et les fils de notre peuple. Nous nous
le dirons jamais assez, pour cacher certaines choses à une certaine
catégorie de Congolais(es), on les met dans les livres. Les
compatriotes « mangeurs » ont tout intérêt à lire les textes de ce
genre. Ils pourraient se rendre compte que celui qu'il considère comme
leur autorité morale a du mépris pour eux. Tenez. Depuis qu'il est au
pouvoir en 2001, Joseph Kabila travaille officiellement avec des
centaines de Congolais et de Congolaises. Depuis 2006-2007, il y a un
gouvernement comprenant plus ou moins cinquante personnes. Il y a son
cabinet présidentielle, sa maison civile, ses collaborateurs
militaires, les différents services de sécurité, un Parlement où trône
une majorité dite présidentielle. Que Joseph avoue qu'il n'a pas, au
jour d'aujourd'hui 15 personnes de convaincues, déterminées, résolues
pour l'aider, cela devrait interpeller la manducratie josephiste . ©
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Congolite
La majorité de « mobutistes » corrompus autour du « raïs »
Voici la question de New York Times: « Avez-vous les bonnes personnes pour vous aider? »
La réponse de Kabila est précédée d'une longue pause. Il réfléchit et
comptabilise... Après la pause, la réponse tombe: « Mobutu a dirigé ce
pays pendant 32 ans. Il a créé une classe politique et a créé une
mentalité et nous n'avons pas encore mis fin à cela. Les anciennes
méthodes sont toujours là: corruption, mauvaise gestion, et de tout
cela. Notre plus grande erreur, c'est que nous n'avons pas trouvé assez
de temps pour transformer et former nos propres cadres. On n'a pas
besoin d'un millier de personnes pour transformer un pays. Non, on n'a
besoin que de 3,4,10, 15 personnes avec des convictions, déterminées et
résolues. Ai-je ces 15 personnes? Probablement, 5,6,7, mais pas encore
15. » (La traduction est empruntée au journal kabiliste L'Avenir au
quotidien de ce mardi 7 avril 2009 et nous soulignons.)
La réponse de Joseph Kabila appelle un temps de réflexion. Si après au
lendemain de l'indépendance nominale de notre pays nous ne comptions
qu'une dizaine de diplômés, après la Révolution du 17 mai 1997, nous ne
comptons pas dans les ranges du pouvoir plus de 15 personnes « avec des
convictions, déterminées et résolues » capables d'aider Joseph Kabila à
remettre le Congo sur les rails! Et pourtant « le raïs » est entouré
par les juristes, les économistes et les autres constitutionnalistes
congolais! Aussi, Joseph n'a pas réussi, après plus de cinq ans à la
tête du pays, à former « ses propres cadres »! Supposons qu'il en ait
déjà formé 7, pour qu'il atteigne le chiffre 15, il devra encore rester
plus de cinq ans au pouvoir! Donc, il lui faudra un deuxième mandat.
Mais si « le raïs » s'est maintenu au pouvoir jusqu'à ce jour aux côtés
de mobutistes corrompus, mauvais gestionnaires, sans conviction et
détermination, ce qu'il a su partager les mêmes anti-valeurs que ceux
qu'ils décrient. Et en tant que « chef », il n'a jamais eu suffisamment
de courage pour envoyer ces corrompus en prison bien qu'il ait clamé
tout haut à son discours d'investiture que la récréaction était
terminée et que les portes de la prison allait être grandement ouvertes.
Comment Joseph Kabila peut-il justifier la disqualification de
plusieurs de ses collaborateurs dans un journal américain? Et puis, de
quelle expertise « le raïs » se réclame-t-il quand il dénonce son
erreur en avouant qu'il n'a pas eu le temps de former ses propres
cadres?
Pour ceux et celles d'entre nous qui savent que « les crimes organisés
en Afrique centrale » ont bénéficié des services anglo-saxons, il est
possible que Joseph soit en train d'envoyer un signal fort à ses «
parrains » pour expliquer sa méthode de travail. Les Congolaises et les
Congolais de son entourage étant majoritairement corrompus et mauvais
gestionnaires, il peut travailler officiellement avec eux et
officieusement avec les Ougandais et les Rwandais. (Un compatriote de
l'est de notre pays ayant requis l'anonymat nous a confié que Joseph
Kabila a travaillé avec sa petite amie Ougando-Sierra Leonaise, Finda.
Elle a géré le Fonds Social Congolais. Présentement, il travaille avec
M. Mahuku, un sujet Rwandais. Il l'a chargé de la gestion de la
question des Interhamwe à l'est du pays.)
A la lecture de la réponse de Joseph Kabila à New York Times, on se
croirait en présence d'un Karel De Gucht, Ministre des affaires
étrangères Belge, affirmant qu'il n'a pas trouvé au Congo, autour de
Kabila, des hommes politiques dignes de ce nom. Quand on connaît toutes
les misères que les propos de De Gucht ont suscité et qu'on entend le
même discours de la bouche du « raïs », on se dit: « ça sent mauvais ».
Face à l'échec patent d'une politique fondée sur l'exclusion, la
violence, la corruption et le mensonge, Joseph trouve vite des boucs
émissaires: Mobutu, les mobutistes et la mentalité mobutiste. Cette
interview aurait été convaincante si Joseph pouvait citer trois ou
quatre mesures phares prises pendant ses 7 ans de règne pour un bonheur
congolais partagé. Il n'y a en pas eues.
Si pour transformer un pays, il ne faut pas être un millier de
personnes, Joseph aurait pu faire quelque chose avec « ses 5, 6 ou 7 ».
Et pourtant, il n'y a rien, à l'exception de la mort qu'il a semée au
Congo, dans ses coins et recoins.
Cette politique qui consiste à croire et à faire croire que les mauvais
sont toujours les autres Congolais(es) est caractéristique du règne
kabiliste. Il s'associe ses « ses rhinocéros » pour « écraser » les
meilleurs d'entre nous: ceux-ci s'exilent ou tombent sous ses balles.
Il s'entoure des laudateurs-mangeurs et finit par les accuser de
corrompus et de mauvais gestionnaires. Il y a, à travers les propos de
Joseph Kabila, une très haute idée de lui-même et un mépris pour ceux
qui, à ras-le-sol, l'ont appelé « papa », « mon président », pour
ramasser les miettes tombant de sa table.
Cette politique participe de l'idéologie ou des pseudo-justifications
tutsies disqualifiant, en bloc, tous les Congolais, pour faire main
basse sur les ressources du sol et du sous-sol de notre pays.
Nous avons tous été classifiés dans les BMW. Donc, Josepk Kabila ne dit rien de neuf.
N'empêche qu'avec le temps, il ait fait l'expérience de la frivolité de
certains d'entre les animateurs des institutions actuelles du pays,
capables de vendre père,mère, femmes et enfants pour rouler dans les
4X4 et manger chez SHE TEMBA KAYEMBE avec les filles de la rue.
En effet, il aussi plus facile, pour nous Congolais, de croire plus à
un complot extérieur contre notre pays que de faire l'inventaire des
comportements primaires de certains d'entre nous face au boire et au
manger, face à l'argent et à la femme. Si un homme fort garde bien sa
maison, nous disent les Ecritures, personne ne peut la dévaliser. Ce
que nous subissons est aussi les fruit des turpitudes de certains
d'entre nous, de leur nombrilisme et de leur foi aveugle en des
diplômes vides de savoir, de savoir-être, de faire, de savoir-faire et
de sagesse.
L'Union européenne, la Banque mondiale et le FMI au banc des accusés
Néanmoins, la bouc-émissairisation josephiste va au-delà des frontières
congolaises. Joseph a conçu cinq chantiers sans un sous. Il appartenait
à l'Union Européenne, au FMI, à la Banque mondiale et aux U.S.A. de les
financer. « Nous avons dit que nous avions cinq chantiers: les
infrastructures, la santé, l'éducation, l'eau, l'électricité et le
logement. Maintenant, comment pouvons-nous faire face à ces priorités?
Nous avons besoin d'argent, beaucoup d'argent, affirme Joseph Kabila.
Pas de 100 millions de dollars US de la Banque mondiale ou les 300
millions du FMI. Non, nous avons besoin de beaucoup d'argent, et
surtout que nous sommes toujours en service d'une dette de près de 13
milliards de dollars. Et qu'il est de 50 ou 60 millions de dollars US
par mois, ce qui est énorme. Vous me donner 50 millions de dollars
chaque mois pour le secteur social et nous allons de l'avant.(...)Mais
nous avons dit: oui, nous avons des priorités, et
nous avons parlé à tout le monde. Américains, avez-vous de l'argent?
Non, pas pour le moment. L'union européenne, vous avez trois ou quatre
milliards pour ces priorités? Non, nous avons nos priorités. Ensuite,
nous avons dit: pourquoi ne pas parler à d'autres personnes, les
Chinois? Alors nous leur avons dit, avez-vous l'argent? Et ils ont dit,
oui, nous pouvons discuter. Donc, nous avons discuté. »
Comment Joseph Kabila qui regrette de n'avoir pas eu le temps de former
ses propres cadres peut vouloir faire des priorités du Congo les
priorités des autres? A quoi allait-il former ces cadres? A une
politique économique extravertie? Au paiement d'une dette odieuse? A la
mendicité?
Par innocence ou par bêtise, Joseph Kabila affirme qu' « il ne comprend
pas pourquoi ils (ceux qui ont refusé de lui donner de l'argent pour
ses chantiers) nous ont dit de ne pas signer ces accords. Probablement,
explique-t-il, parce qu'il y a beaucoup d'ignorance, l'ignorance de la
façon dont notre situation est difficile. Bien sûr, lorsque vous êtes
assis à Washington ou vous êtes assis à New York, vous croyez que tout
le monde est comme à Washington ou à New York. Mais les gens souffrent.
Qu'est-ce qui m'a révolté moi? C'est le fait qu'il y ait une résistance
à cet accord sans faire une contre-proposition. » Et pourtant, la
contre-proposition est faite: le Congo renonce aux accords avec la
Chine, le FMI l'embrigade dans le programme d'ajustement structurel, la
Banque mondiale s'arrange avec la Chine pour qu'elles travaillent
ensemble sur le dos des Congolais(es)...
Par innocence ou par bêtise, Joseph Kabila avoue que pour certaines
questions engageant le devenir commun des Congolais(es) les décisions
se prennent à Washington, à New York,etc. Quand on sait qu'il fait
(aussi) allusion aux Institutions Financières Internationales dont le
FMI soutenu dernièrement par le G 20, on se dit que les Congolais(es)
n' hallucinent pas quand ils parlent de leurs misères et de leurs
souffrances, de leurs morts comme participant des « crimes organisés »
ailleurs.
Mais que la révolte de Joseph Kabila n'aboutisse pas à la résistance
citoyenne contre la résistance de ceux qui décident à Washington et à
New York , cela trahit les limites de la politique Kabila et de la
majorité au pouvoir. Pour dire les choses autrement, à travers la
révolte du « raïs », il y a un aveu d'impuissance face à ceux qui l'ont
fabriqué pour servir leurs intérêts.
Comme pour Mobutu, Laurent Désiré Kabila, Vital Kamerhe, cette sortie
médiatique risque de signer la fin politique de Joseph Kabila. Tel est
le fonctionnement du marionnettisme: dès que la marionnette coupe le
cordon ombilical, dit sa part de vérité, il signe sa mort politique. La
mort physique peut s'en suivre. Le cynisme des « maîtres du monde »
souffre de la lumière du jour jetée sur ce qu'ils appellent « leurs
intérêts ».La chute du mur de Berlin et Mobutu, dignité pour l'Afrique.
Entretiens (de Mobutu) avec Jean-Louis Remilleux ont signé la mort
politique du dernier Maréchal de l'Afrique. Le retournement d'alliance
entre Laurent Kabila et ses « parrains » a sonné le glas du règne du «
soldat du peuple ». L'étonnement de Kamerhe face au secret dont a été
couverte l'entrée des miliaires Rwandais au Congo lui a coûté sa chaise
présidentielle au Parlement. Il est possible que Joseph joue à la
diversion... L'avenir
nous le dira.
J.-P. Mbelu
« le: Avril 07, 2009, 10:44:24 »